Littérature jeunesse et inclusion, quand les récits transforment l’enseignement
- Alice Prophete

- 29 nov.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 nov.

Enseigner autrement avec la littérature jeunesse
Dans une société scolaire de plus en plus diversifiée, les enseignants doivent être outillés pour accueillir chaque élève avec ouverture, sensibilité et engagement. Et si la littérature jeunesse devenait un puissant levier pour penser autrement la pédagogie et nourrir un regard plus humain sur la différence ?
Car au-delà des méthodes, c’est aussi un climat de reconnaissance culturelle, de sécurité affective et de valorisation des parcours individuels qui permet à chaque élève de s’épanouir pleinement. C’est dans cet esprit que j’ai écrit deux romans jeunesse inspirés par des histoires bien réelles de migration, de résilience et d’inclusion. Myriam, cœur Canado-Caribéen, ses nouveaux horizons et Destination Canada : le froid de l’étranger abordent ces enjeux à hauteur d’enfant et d’adolescente. À travers les voix de Myriam et de Stéphanie, deux jeunes filles originaires d’Haïti confrontées à une nouvelle vie en Alberta, ces récits permettent de saisir, de l’intérieur, ce que peut ressentir un élève nouvellement arrivé, pris entre la nostalgie du pays d’origine et les codes inconnus d’un monde scolaire souvent déstabilisant.

Myriam, cœur Canado-Caribéen et ses nveaux horizons : apprivoiser l’école avec curiosité et confiance
À neuf ans, Myriam quitte les couleurs d’Haïti pour la neige de l’Alberta. Tout est nouveau : la langue, les camarades, les habitudes de la classe… mais aussi l’accueil que lui réserve sa nouvelle enseignante. Dans ce court roman lumineux, l’héroïne découvre peu à peu les joies d’un environnement scolaire bienveillant, même si les premiers pas sont teintés d’incertitude.
À travers Myriam, j’ai voulu illustrer combien de petits gestes, un mot chaleureux, un sourire, une activité qui reconnaît ses origines, peuvent faire une grande différence dans le sentiment d’appartenance d’un enfant migrant. L’enseignant ne devient pas un simple transmetteur de savoirs, mais un passeur de liens, de sens et de reconnaissance.
Ce récit soulève des questions concrètes pour l’éducation inclusive au primaire : comment faciliter la transition culturelle ? Comment reconnaître la langue maternelle sans l’effacer ? Et surtout, comment créer un climat où la diversité est célébrée plutôt que tolérée ?

Destination Canada :Le froid de l’étranger - naviguer l’adolescence et l’exil
Avec Stéphanie, le ton change. Elle est plus âgée, plus lucide, parfois plus révoltée. Dans Destination Canada, l’arrivée en Alberta est rude : le froid, la solitude, le choc des codes sociaux, les incompréhensions à l’école. L’adolescence, déjà complexe, devient encore plus exigeante lorsqu’elle se double d’un déracinement brutal.
Ce roman donne à voir les obstacles systémiques à l’inclusion au secondaire : le regard des pairs, les références culturelles implicites, le manque d’outils différenciés pour accompagner les élèves nouvellement arrivés. Pourtant, à travers ses silences, ses espoirs et ses résistances, Stéphanie nous enseigne que la résilience a besoin d’un terreau : un enseignant qui observe, qui écoute, et qui agit.
Deux récits pour former une pédagogie du lien
Ces deux œuvres n’ont pas seulement pour vocation d’émouvoir. Elles sont pensées comme des outils pédagogiques. Utilisées en formation initiale ou continue, elles permettent aux enseignants de :
réfléchir aux réalités vécues par les élèves migrants,
mieux comprendre les effets du choc culturel à différents âges,
explorer des stratégies concrètes de différenciation, d’accueil et d’accompagnement.
Mais leur portée ne s’arrête pas aux murs de la classe. Ces récits peuvent aussi toucher les familles, les bibliothécaires, les éducateurs communautaires, ou toute personne sensible à la question de l’appartenance et du vivre-ensemble. En donnant voix à des enfants et adolescents souvent invisibilisés, ils contribuent à changer les regards, à ouvrir des conversations et à créer des ponts entre les cultures.
✏️ La question à laquelle vous êtes invité·e·s à répondre
À la lumière des récits de Myriam, cœur Canado-Caribéen, ses nouveaux horizons et de Destination Canada, le froid de l’étranger, quelles leçons retenez-vous sur l’inclusion scolaire et sociale des élèves issus de l’immigration ?
En quoi ces lectures ont-elles modifié ou renforcé votre conception de l’enseignement équitable ?
Comme futur·e enseignant·e ou comme membre d’une société diversifiée, proposez une stratégie, un engagement personnel que vous aimeriez adopter pour agir comme allié·e et agent·e de changement, à l’école ou au sein de votre communauté.



Les récits de Myriam, cœur Canado-Caribéen, ses nouveaux horizons et de Destination Canada, le froid de l’étranger, portés par son identité canado-caribéenne et ses nouveaux horizons au sein de Destination Canada, traduisent avec intensité la réalité du froid de l’exil et les défis de l’adaptation culturelle. Ces témoignages ne sont pas de simples narrations personnelles : ils se transforment en véritables outils pédagogiques, capables de susciter une réflexion profonde chez toute personne attentive aux enjeux de bien-être, d’appartenance et d’inclusion. Ils mettent en lumière la dimension humaine de l’immigration et invitent à repenser le rôle de l’école comme espace d’accueil et de reconnaissance.
De ces récits émergent plusieurs enseignements essentiels sur l’inclusion scolaire et sociale des élèves nouvellement arrivés. L’accueil et l’ambiance de…
Myriam, cœur Canado-Caribéen et Destination Canada sont des exemples d’outils pédagogiques qui présentent différentes situations sensibles, tant économiques que sociales, auxquelles les personnes immigrantes peuvent être confrontées dans leur processus d’appartenance et d’intégration.
Ce que je retiens de ces récits, c’est l’importance de l’inclusion scolaire et sociétale. Tout d’abord, l’environnement de la classe est déterminant pour la réussite scolaire. L’attitude de l’enseignant, le comportement des élèves et la manière dont les échanges sont menés peuvent favoriser l’intégration (« C’est un jeu de chez nous, en Haïti. » (Elle explique ensuite les règles du logologo), permettre l’acceptation de la culture de l’élève comme légitime, et encourager le partage des expériences culturelles de chacun.
Ensuite, Stéphanie une adolescente dans Destination Canada présente les difficultés d’intégration à travers des codes sociaux. Je retiens aussi que, dans…
Les romans Myriam, cœur Canado-Caribéen et Destination Canada : Le froid de l’étranger m’ont touché d’une manière particulière, parce que je viens moi-même d’une famille immigrante d’Afrique de l’Ouest et j’ai grandi à Toronto. Même si je n’ai pas vécu un arrivée récente comme Myriam ou Stéphanie, j’ai reconnu plusieurs émotions qu’on retrouve souvent dans les familles immigrantes : le décalage culturel, l’envie d’être compris, et parfois le sentiment d’être entre deux mondes.
Avec Myriam, j’ai vu à quel point un accueil simple peut aider un enfant à se sentir à sa place. Sa découverte de l’école en Alberta m’a rappelé des histoires de mes cousins arrivés plus tard au Canada : la langue, les habitudes et même la météo peuvent tout…
Myriam, cœur Canado-Caribéen, illustre clairement qu’au primaire, les petits gestes de gentillesse et un accueil chaleureux sont essentiels pour faciliter l’adaptation et aider les enfants à se sentir chez eux. Les enseignants doivent explicitement reconnaître les origines des élèves pour cultiver leur sentiment d’appartenance. À l'inverse, l'expérience de Stéphanie dans Destination Canada m'a exposé les difficultés d'intégration vécues à l'adolescence : solitude et difficulté à comprendre les codes sociaux. Cela démontre que les éducateurs doivent aller au-delà de la simple tolérance; ils doivent intégrer activement la diversité pour désamorcer les obstacles systémiques à la réussite.
Comme futur enseignant et membre d’une société diversifiée, je veux incarner un allié qui soutient chaque élève. Mon engagement personnel est d’instaurer la stratégie de la « Banque de…
À la lumière de ces lectures, je souhaite adopter un engagement concret pour agir comme alliée des élèves issus de l’immigration et contribuer à une école réellement inclusive. Avec Myriam, j’ai découvert le pouvoir d’un accueil chaleureux : son enseignante lui offre un espace pour partager Haïti, ce qui lui permet de transformer sa différence en force. Mais son aisance m’a aussi rappelé que tous les élèves ne sont pas comme elle. Stéphanie, par contraste, vit le déracinement de manière plus rude : le froid, la solitude, le regard parfois dur des pairs et l’absence d’accompagnement différencié au secondaire. Son histoire révèle les obstacles systémiques qui freinent l’inclusion lorsque l’école ne voit pas ou ne comprend pas les besoins des…