Le leadership éducationnel est capable d’action. Il anticipe le changement, il est éthique et transformationnel.
Remue-méninges
Les institutions éducatives opèrent-elles selon une logique mécaniste ?
Plusieurs dimensions des institutions éducatives opèrent selon une logique mécanique. Notons par exemple, les ministères d’éducation, les conseils scolaires, les administrations, les syndicats qui constituent des formes organisationnelles afin d'assurer une standardisation des politiques et procédures.

En fait, lorsqu’on considère le caractère organisationnel des institutions éducatives dans leurs modes de gestion et d’administration, l’on peut admettre qu’elles fonctionnent selon la logique des grandes entreprises qui mettent l’accent sur les règlements détaillés et qui préconisent le contrôle hiérarchique pour pouvoir être efficace dans leurs services (Morgan, 1999). Elles correspondent ainsi à la logique bureaucratique de l’organisation que soutient Max Weber[1]. En effet, que ce soit au niveau des ministères de l’éducation ou au niveau des conseils scolaires ainsi que des écoles, la planification, la coordination et le contrôle semblent être primordial dans la gestion des ressources pour le plus grand succès du système en termes de meilleurs rendements scolaires. S’opérant ainsi, elles correspondent à l’école classique de la gestion entant qu’une organisation bureaucratique qui fonctionne avec une grande précision comme une machine ayant un réseau de pièces : des services fonctionnels interreliés par la voie hiérarchique (Morgan, 1999). Cette structure organisationnelle, préconisée par Fayol, Mooney et Urwick[2] « doit fonctionner aussi précisément que possible grâce à des modèles d’autorité, par exemple les responsabilités afférentes à chaque poste ou le droit de donner des ordres et d’exiger l’obéissance » (Morgan, 1999, p.19).
À la vérité, dans les institutions éducatives, l’administration est très structurée hiérarchiquement en ayant différents départements qui contrôlent les ressources humaines tout en définissant leur rôle et leur fonction, les ressources financières et les ressources matérielles. Prenons par exemple, les décideurs (les professionnels) au niveau de l’élaboration des programmes d’études dans les ministères de l’éducation. Ils prévoient le contenu des programmes, la quantité d’heures pour chaque sujet, les tests standardisés pour mesurer les contenus etc., tous, des éléments en liens avec les politiques et les finalités de l’éducation, lesquelles ayant été décidées et élaborées par d’autres se trouvant à un niveau plus élevé de la hiérarchie. Cette structure est reproduite dans l’administration d’une école au quotidien au niveau de la division des taches et les fonctions telles que les directeurs, les adjoints, les enseignants, les aides enseignants etc. En outre, cette structure hiérarchique influence la façon dont chacun se représente son rôle et son pouvoir qui ont des effets sur l’enseignement et l’apprentissage et les routines dans les salles de classes.
La logique mécaniste dans les institutions éducatives aide à faire une bonne gestion du personnel dans chaque aspect (incluant le personnel enseignant) et dans la mise en œuvre des programmes d'étude. Tout ceci permet de perpétuer et de garder un modèle mental de l’éducation/de l’école ; ce qui met en évidence la dimension pouvoir et politique du système scolaire aux yeux de la société. Par ailleurs, pendant que la structure mécanique responsabilise chaque acteur, elle enlève en même temps l’autonomie de ce dernier. D’autre part, la logique mécaniste permet de comprendre et de voir nettement le pouvoir et le rôle distinctes de chaque acteur impliqué dans le système éducatif, de déterminer entre autres l’incompétence et l’inefficacité de chacun. De ce fait, il est plus plausible de faire des changements et de contrer tout échec. Ainsi, les institutions éducatives, dans une logique d’entreprise et d’administration, peuvent gérer efficacement les ressources humaines, économiques et matérielles.
Et l’objectif éducationnel dans tout cela ? Où se trouve-t-il dans le rouage mécanique ?
Comme le soutient Morgan (1997), les organisations mécanistes « ont beaucoup de mal à s'adapter à l'évolution des circonstances parce qu'elles sont conçues pour atteindre des buts prédéterminés ; elles ne sont pas faites pour l’innovation » (p.27). Tandis que l'école a pour mission, entre autres, la socialisation qui prépare les jeunes à devenir des individus et des citoyens actifs, par la même cette école doit s’adapter au caractère changeant des différents aspects sociaux (culturel, politique, social, économique, technologique et autres…)
Références
Morgan, G. (1999). Images de l’organisation. 2e Édition. Québec, QC : Les Presses de l’Université Laval.
[1] " La première définition générale de la bureaucratie en tant qu'organisation" par Max Weber, rapportée par Morgan (1999).
[1] Un Français, Henri Fayol et un Américain, F.W. Mooney, le colonel Lyndall Urwick sont les trois représentants de l’école classique de la gestion cités dans Morgan (1999).